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impromptus littéraires - Page 9

  • des mots! des mots!

    tourmente_des_mots.gif

    j'aurais pas cru ça dieu possible
    (déjà, vu que dieu, j'y crois pas!)
    depuis, je me sens invincible
    heureux fou, plus que moi y a pas

    allant mains nouées dans le dos
    je noctambulais l'avenue
    sur le trottoir des Impromptus
    dans le nez quelques vers de trop

    le vent charriait des papiers gras
    (quelques missives sirupeuses)
    qui m'encombraient l'oeil et le pas
    vague abondant l'heure hasardeuse

    quand j'aperçus venant du sol
    et ajoutant à ma déroute
    l'étrange éclat d'étranges gouttes
    comme escapées d'un jour d'école

    non, je n'avais pas la berlue
    il n'y avait aucun trucage :
    c'est bien des mots qu'il pleuvait dru
    aux flancs d'une nuit sans nuages

    et ça me pleuvait droit dessus!

    des mots dansants, des mots joueurs
    des mots s'agrippant aux passants
    et sur les pavés bondissant
    pour arriver à ma hauteur

    j'en ai lu un, puis deux cents, mille
    j'étais pris dans un tourbillon
    cette pluie tombant sur la ville
    collait à mes basques, dis donc!

    jusque chez moi, elle a suivi
    mon trajet de rues en ruelles
    adieu, costume de flanelle!
    bonjour, noyade et pleurésie!

    de congestion point, mais que d'ondes
    m'entourant de prose et de strophes
    un ballet déroulait sa ronde
    en lettrines et apostrophes 

    ça m'a pisté à l'intérieur
    envahissant mon territoire
    investissant mon écritoire
    et se jouant de mes humeurs

    et ça me ravissait la vue!

    des vers en veux-tu ? en voilà!
    des incongrus, des pas courants
    des chutes faisant la ola
    autour de mots "Fin" souriants

    ces mots ne m'appartenaient pas
    mais ressemblaient à s'y méprendre
    à tous ces mots que j'aime entendre
    délire le monde et ses tracas

    lecteur conquis, je fus tenté
    de remonter jusqu'à sa source
    le fil de cette logorrhée
    et me préparai pour la course

    manteau, chapeau, gants et pépin
    je m'installai sous le nuage
    qui poursuivait son déballage
    et l'appâtai de mon calepin

    c'est, de retour sur l'avenue,
    que fut dénoué le mystère
    du phénomène extraordinaire
    logé au coeur des impromptus

    doudoune_pop.jpget ça, je n'en dirai pas plus!

    j'ai trouvé dans cette aventure
    une voisine littéraire
    pour qui j'enfile en écriture
    une doudoune, jambes en l'air.

    tiniak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • vague suspens

    illustration extraite de l'album de TISSEUSE

    De mon sous-marin sous les toits

    Docile, j'appareille

    pour la mille et unième fois

    vers ta côte vermeille

     

    un air malingre et le vent froid

    incidemment me poussent

    à baiser le pied de ta croix

    ma mie, ma frousse

     

    J'ai pris le quart à l'aube verte

    et le coeur au ponant

    l'oeil irisé, l'oreille alerte

    l'esprit au tout venant

     

    J'égraine mon sommeil à perte

    épiant du marin

    l'écho de sirènes disertes

    dans les embruns

     

    Quand tout soudain, la ville gronde

    impertinente

    et cabre un mur droit sur le monde

    en vague déferlante

     

    Le vent hurlant qui la seconde

    révèle un jour

    triste d'insipide faconde

    et sans amour

     

    Le spectacle de sa bleuté

    m'emporte l'âme

    incapable de résister

    à l'éclat de ce drame

     

    J'y laisse volontiers sombrer

    mes latitudes

    n'attendant que de chavirer

    en lassitude

     

    Dans le suspens de ce rouleau

    où l'aube est morte

    un soleil dit au matelot:

    " Ferme la porte! "

     

     

    tiniak le niak ©2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    aspiré par une.. toile! de Tisseuse ;-)

  • derrière l'être

    OMEGA_symbol-small.jpg

    Là, derrière l'être

    une fenêtre ourle ses lèvres en hublot

    pour dire un mot ?

    juste une lettre

    la dernière lettre

    juste avant qu'on lui cloue le bec

    la lettre grecque qui fait

    oooooh

    et, trêve de salamaleks

    s'en va remplir

    aux Parques

    mon sceau

     

    tiniak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    (clôture du site des "Impromptus..." version 2.0)

    tiki#6

     

  • rêve heurt

    déjeune.jpgDu somme et de la bonne chère tirons enseignement ;
    tant il est vrai que, tout à notre affaire, on n'y songe vraiment.

    La nappe de mammouths
    menaçait le rivage
    en plein coeur du mois d'août
    à Rivabella-plage

    "...n'y suis pour rien et n'y peux mais! "
    se récriait, fort désoeuvré
    un notable consterné

    Les fleurs du val
    prises de lumbago
    couvraient de leurs pétales
    la cire sous le pot

    " Tout a une fin..." se lamentait
    courant après le temps passé
    un époux déboussolé

    Un brouillard d'oeufs en neige
    assassinait les vitres
    on alluma des cierges
    et les lampes à huîtres

    " Nous voilà bien! Ah, la purée! "
    s'époumonait et rabâchait
    l'homme à demi éveillé

    Puis un rayon de soleil
    apporté par les abeilles
    raviva sur l'oreiller
    les paupières boursouflées
    de Maître Jacques au sommeil agité

    Et de la cour flottait
    une odeur de pain grillé 

    impromptu littéraire -tiki#5
    tiniak le niak © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    mwof.jpg
  • H.E.L.I.O.S

    68_participe.jpg

     

    Elle avait apporté des fleurs de tournesol séchées, laquées, qu’elle étala sur la table de conférence de sorte que chacun en ait à sa portée. Le temps de répartir son lot d’un bout à l’autre de l’assemblée, le silence qui s’installa lui déroulait un tapis rouge, bordé de notre attention captive. Elle avait toujours su produire son effet pour présenter ses trouvailles ou avancer ses projets, mais là, quand même : des tournesols !

     

    Et ce silence qui s’imposait, qu’elle entretenait, laissait planer, tandis qu’elle regagnait sa place en demeurant debout, les bras croisés sur sa taille. Ses yeux brillaient d’intention – de l’intention que germe en nous toute la pertinence de son geste. L’esquisse d’un sourire grinçant se rendit perceptible à qui avait l’habitude de côtoyer son visage que la rigueur professionnelle et une solide nature avaient lissé dans une expression aussi peu variable que peut l’être son humeur.

     

    La haie d’honneur que nous formions autour des végétaux à l’enfilade prit peu à peu l’allure d’une avenue. A l’heure où le crépuscule flirte avec la nuitée, l’artère principale de notre société s’illuminait. Tout le brio de notre talentueuse collaboratrice parcourait nos esprits, leur transmettait la puissance de son énergie, embrasait nos enthousiasmes.

     

    Quelqu’un murmura : - c’est génial !

    Quelqu’un ajouta : - non, c’est lumineux !

    Quelques rires contenus manifestèrent notre joie admirative.

     

    S’ensuivirent félicitations, extrapolations, contre-propositions formelles, en deux heures l’affaire était entendue, nous tenions notre nouvelle stratégie de communication.

     

    J’en savourais encore toute la subtilité en prenant place dans mon véhicule de fonction. Jetant un coup d’œil à l’exemplaire que j’avais jeté sur la banquette arrière, je me dis qu’il y avait là un délicieux cynisme qui ferait certainement pâlir de rage nos concurrents les plus virulents (comme les plus à cheval sur les préceptes écologiques) !

     

    C’est avec l’esquisse d’un sourire grinçant dont je jugeai de l’effet dans mon rétroviseur que je quittai les sous-sols de l’entreprise et m’engageai sur cette partie du boulevard maintenue presque constamment à l’ombre de la tour Hugh Evgren-Larks International Oil Society.

     

    contribution aux "Impromptus Littéraires" - tiki#4

    incipit : Elle avait apporté des fleurs de tournesol...

    © 2008 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK